Passages dans lesquels saint Thomas écrit à la première personne, dit "je"
Sur ceux qui se contentent des mots sans remonter à leur intelligence
(N.B. a posteriori : Erreur de ma part, l'expression "sicut arbitror", "comme je le juge" se trouve déjà dans le texte grec du Pseudo-Denys que Thomas commente !)
Il est irrationnel et tortu (pravum : de travers, déficient, vicieux, tortu = vieux mot inusité), comme je le pense (arbitror = je juge), qu'un homme ne prête pas attention à la vertu d'intention, c'est-à-dire à ce qu'on à l'intention de signifier par un nom, mais [ne prête attention qu'] aux dires eux-mêmes ; et cela ne s'adresse pas à ceux qui veulent intelliger les choses divines, mais à ceux (1.) qui regardent les dires-mêmes ou les sons-mêmes, à la légère, sans en peser la signification, (2.) et qui de plus gardent les sons seulement à l'extérieur, c'est-à-dire [seulement] jusqu'aux oreilles, afin qu'ils ne parviennent pas plus loin, jusqu'à l'intellect ; (3.) qui ne veulent pas voir ce que tel dire signifie, et comment il arrive d'expliquer un dire par d'autres dires plus manifestes, signifiant la même chose.
(Commentaire des Noms Divins, 4.9.412)
Sur l'extase qui n'existe que brièvement dans l'amour de concupiscence alors que l'amour d'amitié reste par soi à l'extérieur, tendu vers l'être aimé
"Lorsque j'appète (appeto = j'ai l'appétit de) la justice ou le vin, mon affect (affectus quidem meus) est incliné vers l’un de ces autres, mais cependant il retourne rapidement (recurrit) en lui-même parce qu’il se porte vers les choses susdîtes de telle manière que par elles il lui arrive (sit) un bien ; c’est pourquoi un tel amour ne place pas l’amant à l'extérieur de lui-même (extra se), quant à la fin de l'intention."
(Commentaire des Noms Divins, 4.10.430)
De Potentia
"Dico". (DePot.q3a15ad17)
Cependant, avec le fait que la volonté veut nécessairement sa fin naturelle, elle veut aussi nécessairement les choses sans lesquelles elle ne peut pas atteindre sa fin, si elle les connaît ; et ce sont les choses qui sont proportionnées à la fin ; par exemple, si je veux la vie, je veux de la nourriture. (DePot.q1a5)
De Malo
Et je dis un acte humain celui qui est issu d'une volonté délibérée (dico actum humanum qui est a voluntate deliberata), car si on prend un acte sans délibération procédant de la seule imagination, comme se frotter la barbe ou quelque chose du même genre, cet acte-là est en dehors du genre moral (extra genus moris). (DeMalo.q10a5)
Somme
C'est comme si je disais... Sicut si dicerem auditum esse secundum quid nobiliorem visu, inquantum res aliqua cuius est sonus, nobilior est aliqua re cuius est color. (I.q82a3)