Passages à consonnance autobiographique chez Saint Thomas
L'union à Dieu par la foi, connaissance obscure de la foi
Les puissances intellectuelles de notre raison naturelle sont aussi superflues lorsque notre âme, conformée à Dieu (Deo conformata), s'élance (immittit) dans les choses divines, non par un élan (immissione) des yeux du corps, mais par un élan (immissione) de la foi, c'est-à-dire, par le fait que la lumière divine, inconnue et inaccessible, s'unit à nous et se communique à nous. En effet, alors que nous considérons les réalités qui sont [de l’ordre] de la foi, nous n’en jugeons pas par la raison naturelle.
(Commentaire des Noms Divins, 4.9.414)
Les passions
La perfection du bien moral requiert que l'homme ne soit pas mû au bien par sa volonté seulement, mais aussi par son appétit sensible, selon cette parole du Psaume (84, 3) - Mon coeur et ma chair ont exulté dans le Dieu vivant", le "coeur" étant ici l'appétit intellectuel, et la "chair" l'appétit sensible.(I-II.q24a3)
D'autres fois, les passions sont consécutives au jugement. Ce peut être d'une double manière : a) Par manière de rejaillissement (per modum redundantiae) lorsque (...) b) Par manière de choix (per modum electionis) : quand l'homme, par un jugement rationnel, choisit d'être affecté de telle passion afin d'agir plus vite (promptius), avec la coopération de l'appétit sensible. La passion ajoute alors à la bonté de l'acte. (I-II.q24a3ad1)
L'appétit de la sagesse ou des autres biens spirituels est appelé parfois convoitise (concupiscentia), soit à cause d'une certaine ressemblance (similitudinem) entre appétit supérieur et appétit inférieur ; soit à cause de l'intensité (intensionem) de l'appétit supérieur qui rejaillit sur l'inférieur ; alors celui-ci tend à sa manière (suo modo tendat) vers le bien spirituel à la suite de l'appétit supérieur, et le corps (corpus) lui-même se met au service des réalités spirituelles. Comme il est écrit dans le Psaume (84, 3) : "Mon coeur et ma chair ont exulté dans le Dieu vivant." (I-II.q30a1ad1)
Les délectations du corps, par leur augmentation ou leur seule continuité, super-excèdent (superexcrescentiam) la disposition naturelle et deviennent fastidieux (fastidiosae), comme on le voit pour la délectation du manger. C'est pourquoi, lorsqu'on est parvenu à la perfection dans les plaisirs corporels, ils nous dégoûtent et, parfois, on a l'appétit de quelques autres [délectations].
Mais les déléctations spirituelles ne super-excèdent jamais la disposition naturelle (naturalem habitudinem) ; mais ils perfectionnent la nature. Aussi, lorsqu'on parvient à l'accomplisement en eux, c'est alors qu'ils sont le plus agréables (delectabiles) ; sauf peut-être par accident, du fait qu'à l'activité contemplative sont unies (adiunguntur) quelques opérations des puissances corporelles qui sont fatiguées (lassantur) par la prolongation de leur activité. (I-II.q33a2)
--> Voir le passage où il dit qu'on peut utiliser les passions pour aller plus vite
Le péché
Par la grâce de la voie, l’homme peut être attaché au bien de telle façon qu’il ne puisse que très difficilement pécher (Sed tamen per gratiam viae ita potest homo bono astringi, quod non nisi valde de difficili peccare possit). (De Veritate.q24a9)
Chez les hommes parfaits, il peut y avoir un mouvement imparfait d'acédie, du moins (saltem) dans la sensualité, en raison de ce que nul n'est si parfait qu'il ne reste en lui quelque opposition de la chair envers l'esprit. (De Malo.q11a3ad1)
L'entrée en religion
- Somme
- ContraRet.