... l'arbitrage étant un jugement électif supposant une multiplicité
Bien que Dieu soit immuable, il n'est pas déterminé à une seule chose entre celles qui sont à faire [= qu'il est possible de faire], et c'est pourquoi il a le libre arbitre.
(DePot.q1a5ad13)
Licet Deus sit immutabilis, tamen eius voluntas non est determinata ad unum in his quae facienda sunt : et ideo habet liberum arbitrium.
A. Ce qui est mû, bien qu'il ne possède pas encore parfaitement ce vers quoi il est mû, commence cependant de posséder déjà quelque chose de ce vers quoi il est mû ; et, selon cela, le mouvement lui-même possède une certaine délectation.
Il manque cependant à la délectation la perfection car les délectations les plus parfaites sont dans les réalités immuables.
B. Le mouvement devient aussi délectable en tant qu'il se fait par lui quelque chose qui convient qui auparavant ne convenait pas ou qui avait cessé d'exister.
(Somme, I-II.q32a2ad1)
A. Id quod movetur, etsi nondum habeat perfecte id ad quod movetur, incipit tamen iam aliquid habere eius ad quod movetur, et secundum hoc, ipse motus habet aliquid delectationis.
Deficit tamen a delectationis perfectione, nam perfectiores delectationes sunt in rebus immobilibus.
B. Motus etiam efficitur delectabilis, inquantum per ipsum fit aliquid conveniens quod prius conveniens non erat, vel desinit esse.
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Voir aussi ici :
1. "Ce qui se meut" --> C'est un passif, pas un actif, on doit donc traduire : "Ce qui est mû".
2. La convenance : deux choses qui s'assemblent naturellement, comme l'appétit et l'appétible : il convient à l'appétit de tendre vers l'appétible, il convient l'appétible d'être objet de l'appétit. Il n'y a pas de dissonance entre eux. Quand l'appétible n'est pas porté à la connaissance ou à la présence de l'appétit, il ne peut se produire de convenance.
Être un homme, par exemple, n'implique essentiellement rien de successif, car ce n'est pas un mouvement, mais le terme d'un mouvement, ou d'un changement, qui est la génération de cet homme ;
cependant, parce que l'être humain est soumis à des causes qui le font changer, on dit encore que le fait d'être homme est dans le temps.
Nous dirons ainsi que
la délectation, par soi, n'est pas dans le temps ; car elle existe dans le bien possédé, qui est comme le terme du mouvement.
Mais si ce bien possédé est soumis au changement, la délectation sera dans le temps par accident.
En revanche, si le bien est absolument immuable, le plaisir ne sera dans le temps ni par soi ni par accident.
(Somme, Ia-IIae, q31.a1.ad2)
Sicut esse hominem de sui ratione non habet successionem, non enim est motus, sed terminus motus vel mutationis, scilicet generationis ipsius,
sed quia humanum esse subiacet causis transmutabilibus, secundum hoc esse hominem est in tempore.
Sic igitur dicendum est quod
delectatio secundum se quidem non est in tempore, est enim delectatio in bono iam adepto, quod est quasi terminus motus.
Sed si illud bonum adeptum transmutationi subiaceat, erit delectatio per accidens in tempore.
Si autem sit omnino intransmutabile, delectatio non erit in tempore nec per se, nec per accidens.
Commentaire :
1. Esse hominem : Être homme n'est pas être un homme, gros problème de traduction. D'un côté c'est ce qu'est l'homme, de l'autre on inclut son existence réelle.