Le mode de connaissance d’une certaine chose [existante] se fait selon la condition de celui qui connaît, en qui la forme est reçue selon son mode [d’être].
[Point de vue de la res (de la chose existante)]
En revanche, il ne faut pas [nécessairement] que la réalité connue(res cognita) soit
selon le mode de celui qui connaît [la chose existante de ne se réduit pas à la manière dont on la connaît],
ou selon le mode selon lequel la forme,
qui est le principe de la connaissance,
a l’être dans le connaissant ; [l'être de la forme par laquelle on connaît n'est pas l'être de la chose connue]
d'où, rien n'empêche que, par des formes qui existent immatériellement dans l'esprit, des choses matérielles (res materiales) soient connues.
(DeVer.q10a4)
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Modus cognoscendi rem aliquam, est secundum conditionem cognoscentis, in quo forma recipitur secundum modum eius.
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Non autem oportet quod res cognita sit
secundum modum cognoscentis,
vel secundum illum modum quo forma,
quae est cognoscendi principium,
esse habet in cognoscente ;
unde nihil prohibet, per formas quae in mente immaterialiter existunt, res materiales cognosci.
1.-- Puisque la chose connue et ce par quoi on connaît ne sont pas la même chose, alors on peut connaître une chose matériel par le moyen d'une chose immatérielle. En effet, si la chose connue et la forme par laquelle on la connaît étaient toutes deux matérielles, on ne pourrait connaître que matériellement, c'est à dire comme les animaux limités à la connaissance sensible. Cette affirmation répond à la question posée dans l'article 4 : "l'esprit peut-il connaître des réalités matérielles ?".
2. -- Mais la chose importante à retenir ici, c'est qu'il ne faut pas réduire la chose connue à la manière dont on la connaît ; ce n'est pas parce qu'on connaît à travers une forme qu'on doit réduit la chose à une forme. Grâce au jugement, on peut retourner à la chose au delà de la forme : "ceci est un arbre". Si on ne se sert pas du jugement, on est contraint d'en rester à la forme appréhendée, et donc à un idéalisme. Platon. Descartes. Kant.
Toute la raison de l’appétibilité du moyen, en tant que tel, est la fin.
D'où il est impossible que rechercher la fin relève d’une autre puissance que rechercher le moyen. Et cette différence entre
la fin,
qui est désirée (appetitur) dans l’absolu,
et le moyen,
qui est [désiré] dans l'ordre à autre [chose],
ne peut induire une distinction des puissances appétitives.
Car l’ordination de l’un à l’autre
n’est point par soi dans l’appétit,
mais par autre chose,
c’est‑à‑dire par la raison, à laquelle il appartient d’ordonner et de confronter ;
d'où elle ne peut être une différence spécifique constituant une espèce de l’appétit.
(DeVer.q24a6)
Tota autem ratio appetibilitatis eius quod est ad finem, in quantum huiusmodi, est finis.
Unde non potest esse quod ad aliam potentiam pertineat appetere finem et id quod est ad finem. Nec haec differentia,
qua finis
appetitur absolute,
id autem quod est ad finem,
in ordine ad alterum,
potest appetitivarum potentiarum distinctionem inducere.
Nam ordinatio unius ad alterum inest appetitui
non per se,
sed per aliud,
scilicet per rationem, cuius est ordinare et conferre :
unde non potest esse differentia specifica constituens speciem appetitus.
1.-- On ne désire un moyen que parcequ'on désire une fin. Il n'y a pas moyen de désirer un moyen pour lui-même, à moins d'entrer dans une erreur morale. Cela permettra ensuite à TH. de montrer que, puisqu'il traite des moyens, le libre arbitre est lié par eux à la fin. Or la fin est objet de la volonté, donc le libre arbitre est davantage du côté de la volonté. Lire la suite de l'article pour le raisonnement détaillé de TH.