27 novembre 2025.

In captivitatem redigentes omnem intellectum in obsequium Christi

À la troisième objection, il faut répondre que la foi n’est pas contraire à la raison, mais au-dessus de la raison. C’est pourquoi on ne dit pas qu’elle renie la raison, comme si elle détruisait la raison véritable, mais qu’elle la tient captive pour l’amener à l’obéissance du Christ, ainsi que le dit l’Apôtre en 2 Corinthiens 10. -- Case 1. Place 1. Super Sent., lib. 3 d. 23 q. 2 a. 4 qc. 1 ad 3 Ad tertium dicendum, quod fides non est contra rationem, sed supra rationem: et ideo non dicitur abnegare rationem quasi rationem veram destruens, sed quasi eam captivans in obsequium Christi, ut dicit apostolus 2 Corinth. 10.

Albert le Grand

Commentaire des Sentences :

https://catholiclibrary.org/library/view?docId=Medieval-OR/AlbertusMagnusSCommentariiInLibriSententiarum.00000007.la.html;chunk.id=00004281

An fides sit de non apparentibus ? (Sent. III, Dist. XXIII, Q. G, a. 13, sol., in Opera Omnia, 28, p. 429 a).

5. De même, la foi semble contraire au sophisme. En effet, le sophisme porte sur des choses apparentes et non existantes, tandis que la foi porte sur des choses non apparentes et existantes avec certitude. Puisque donc le sophisme possède une raison de son apparence, mais non de son existence, il semble que la foi doive posséder quelques raisons de son existence, mais non de son apparence.

Solution. Il faut dire que la foi porte sur des choses non apparentes à l'intellect, du fait qu'elles ne peuvent pas être prouvées. La raison de cela a été exposée dans le premier livre des Sentences : c'est que nous supposons en nous-mêmes certains principes par lesquels nous accédons à la connaissance, principes qui sont contraires aux articles de la foi.

Tels sont, par exemple, les principes suivants :

[1] Tout ce qui se comporte de manière absolument uniforme, sans aucune variation d’essence, d’intelligence ou de volonté, ni de cause de variation : si cela meut ou agit, cela agit toujours [de la même façon]. Or, nous croyons pourtant que Dieu a commencé à créer d'une certaine manière, et qu’il ne le faisait pas avant.
[2] De même : Ce qui est d'une nature simple selon la raison et selon l'être, et qui n'est pas multiplié par accident, ni distinct par une forme substantielle, ne peut être qu'une seule hypostase (personne).
[3] De même : Ce qui est composé de deux natures différentes en espèce et en genre, toutes deux conservées dans leur être et leurs propriétés, ne peut être une seule hypostase.
[4] De même : D'un pur néant vers quelque être, il n'y a pas de changement.
[5] De même : Toute mutation suppose et laisse derrière elle la matière en tant que telle.

Et c'est pourquoi, dans tout article [de foi], il est nécessaire que l'intellect imaginatif (ou fantasmatique) soit rendu captif dans l'obéissance du Christ.

5, Item, Videtur fides contraria sophismati. Est enim sophisma de apparentibus et non existentibus, et fides de non apparentibus et certitudinaliter existentibus. Cum ergo sophisma rationem habeat suae apparentiae, sed non existentiae, videtur, quod fides aliquas rationes habere debeat suae existentiae, sed non apparentiae.

Solutio. Dicendum, quod fides est de non apparentibus intellectui, eo quod probari non possunt : et causa hujus dicta est in libro primo Sententiarum, quoniam nos supponimus apud nos quaedam principia quibus accipimus scientiam, quae sunt contraria articulis fidei :

sicut est illud,

Omne illud quod penitus uno modo se habet, et nulla est ineo variatio essentiae, intelligentiae, vel voluntatis, nec variationis causa : si ipsum movet vel agit, semper agit : sed credimus tamen nos, hoc incepisse modo creare, et ante hoc non.

Item, Quod est unius naturae simplicis secundum rationem et esse, nec plurificatur per accidens, nec per formam substantialem distincte, non potest esse hypostasis nisi una.

Item, Quod duarum naturarum specie et genere differentium, utrimque salvatarum in esse et proprietatibus, non potest esse hypostasis una.

Item, Quod ex puro nihilo in ens aliquod nulla est mutatio. Item, Quod omnis mutatio supponit et relinquit materiam secundum quod hujusmodi.

Et ideo in omni articulo oportet captivari intellectum phantasticum in obsequium Christi.