Thomas d'Aquin - I.q1a4-a5 - La doctrina sacra, science spéculative et pratique
| Art. 4 - Si la sacra doctrina est une science pratique | Utrum sacra doctrina sit scientia practica |
|
Je réponds que la doctrine sacrée, comme il a été dit, tout en étant une, s’étend aux choses qui appartiennent à diverses sciences philosophiques, à cause de la raison formelle (rationem formalem) sous laquelle elle les considère, à savoir en tant qu’elles sont connaissables par la lumière divine. C’est pourquoi, bien qu’il y ait, parmi les sciences philosophiques, l’une qui est spéculative et l’autre pratique, néanmoins la doctrine sacrée comprend sous elle les deux ; de même que Dieu, par une même science, se connaît lui-même (se cognoscit) et [connaît] ce qu’il fait (et ea quae facit). |
|
| Cependant, elle est davantage spéculative que pratique, parce qu’elle traite principalement des réalités divines (rebus divinis) plutôt que des actes humains (actibus humanis) ; elle traite de ceux-ci seulement en tant que, par eux (per eos), l’homme est ordonné à la parfaite connaissance de Dieu, en laquelle consiste la béatitude éternelle. | Magis tamen est speculativa quam |
| Art. 5 - Si la sacra doctrina est plus digne que les autres sciences | Utrum sacra doctrina sit dignior aliis scientiis |
|
Je réponds qu'il faut dire que, puisque cette science est en quelque part spéculative et en quelque part pratique, elle transcende toutes les autres, tant spéculatives que pratiques. |
|
|
Car parmi les sciences spéculatives, l'une est dite plus digne que l'autre, soit à cause de la certitude, soit à cause de la dignité de la matière. Et quant aux deux, cette science dépasse les autres sciences spéculatives. Selon la certitude en effet, parce que les autres sciences ont leur certitude de la lumière naturelle de la raison humaine, qui peut errer, celle-ci au contraire a sa certitude de la lumière de la science divine, qui ne peut être trompée. Selon la dignité de la matière en vérité, parce que cette science traite principalement de ces choses qui par leur hauteur (altitudine) transcendent la raison, tandis que les autres sciences considèrent seulement celles qui sont soumises à la raison. |
Speculativarum enim scientiarum una altera dignior dicitur, tum propter certitudinem, tum propter dignitatem materiae. Et quantum ad utrumque, haec scientia alias speculativas scientias excedit. Secundum certitudinem quidem, quia aliae scientiae certitudinem habent ex naturali lumine rationis humanae, quae potest errare, haec autem certitudinem habet ex lumine divinae scientiae, quae decipi non potest. Secundum dignitatem vero materiae, quia ista scientia est principaliter de his quae sua altitudine rationem transcendunt, aliae vero scientiae considerant ea tantum quae rationi subduntur. |
|
Parmi les sciences pratiques en vérité, celle-là est plus digne qui est ordonnée à une fin plus ultérieure, comme la science de la cité à l'égard de la science militaire, car le bien de l'armée est ordonné au bien de la cité. Or la fin de cette doctrine en tant qu'elle est pratique est la béatitude éternelle, à laquelle comme à la fin ultime sont ordonnés toutes les autres fins des sciences pratiques. D'où il est manifeste, selon n'importe quel mode, qu'elle est plus digne que les autres. (Somme, I.q1a4-a5) |
Unde manifestum est, secundum omnem modum, eam digniorem esse aliis.
|
Sur une base de traduction de Grok (2025-12-04).
- Dernière mise à jour le .