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Thomas d'Aquin - I.q83a4 - Analogie intelligence / raison / conclusion -- volonté / libre arbitre / moyens
Si le libre arbitre est une puissance appétitive, est-elle la même puissance que la volonté, ou une autre ?
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Si est appetitiva, utrum sit eadem potentia cum voluntate, vel alia.
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Les puissances appétitives être proportionnées aux puissances cognitives, comme on l'a dit plus haut.
- De même que de la partie appréhension intellectuelle se prennent l'intellect et la raison,
- ainsi de la partie appétit intellectif se prennent la volonté et le libre arbitre,
- qui n’est rien d’autre que la puissance élective (vis electiva).
Et cela est patent à partir du rapport entre objets et actes [de ces puissances].
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Potentias appetitivas oportet esse proportionatas potentiis apprehensivis, ut supra dictum est.
- Sicut autem ex parte apprehensionis intellectivae se habent intellectus et ratio,
- ita ex parte appetitus intellectivi se habent voluntas et liberum arbitrium,
- quod nihil aliud est quam vis electiva.
Et hoc patet ex habitudine obiectorum et actuum.
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[Du côté de l'appréhension intellective] |
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- Intelliger (intelligere) implique une simple saisie de quelque réalité (alicuius rei).
- d'où être intelligé est proprement dit des principes,
- [principes qui] sont connus par eux-mêmes sans confrontation.
- Raisonner (Ratiocinari), c’est passer d’une connaissance à une autre,
- d'où, proprement, c'est sur les conlusions que nous raisonnons,
- [conclusions] qui deviennent connues à partir des principes.
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- Nam intelligere importat simplicem acceptionem alicuius rei,
- unde intelligi dicuntur proprie principia,
- quae sine collatione per seipsa cognoscuntur.
- Ratiocinari autem proprie est devenire ex uno in cognitionem alterius,
- unde proprie de conclusionibus ratiocinamur,
- quae ex principiis innotescunt.
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[Du côté de l'appétit intellectif, (= spirituel)] |
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Il en va de même dans l’appétit :
- vouloir (velle) implique un simple appétit (simplicem appetitum) de quelque réalité,
- d'où, la volonté est dîte [volonté] de la fin, laquelle est par elle-même objet de l'appétit.
- Elire, c’est appéter [= désirer] une chose pour en obtenir une autre,
- d'où [élire] est proprement à propos de ce qui est en vue de la fin [= les moyens].
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Similiter ex parte appetitus,
- velle importat simplicem appetitum alicuius rei,
- unde voluntas dicitur esse de fine, qui propter se appetitur.
- Eligere autem est appetere aliquid propter alterum consequendum,
- unde proprie est eorum quae sunt ad finem.
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[Les premiers principes sont aux conclusions ce que la fin est aux moyens] |
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Mais,
- de même qu''il y a un rapport dans l’ordre de la connaissance du principe à la conclusion,
- [conclusion] à laquelle nous donnons notre assentiment à cause des principes,
- ainsi, dans l’ordre appétitif il y a un rapport de la fin aux moyens,
- [moyens] qui sont appétés [= désirés] à cause de la fin.
D'où est manifeste que
- de même qu'il y a un rapport de l'intellect à la raison,
- ainsi il y a un rapport de la volonté à la puissance élective, ce qui est la même chose que le libre arbitre.
Mais a été montré (ostensum) plus haut
- qu'intelliger et raisonner est une même puissance (potentiae),
- comme reposer et mouvoir est une même capacité (virtutis),
D'où aussi vouloir et élire est une même puissance.
Et à cause de cela volonté et libre arbitre ne sont pas deux puissances, mais une [seule].
(Somme, I.q83a4)
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- Sicut autem se habet in cognitivis principium ad conclusionem,
- cui propter principia assentimus ;
- ita in appetitivis se habet finis ad ea quae sunt ad finem,
- quae propter finem appetuntur.
Unde manifestum est quod sicut se habet intellectus ad rationem, ita se habet voluntas ad vim electivam, idest ad liberum arbitrium.
Ostensum est autem supra
- quod eiusdem potentiae est intelligere et ratiocinari,
- sicut eiusdem virtutis est quiescere et moveri.
Unde etiam eiusdem potentiae est velle et eligere.
Et propter hoc voluntas et liberum arbitrium non sunt duae potentiae, sed una.
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1. --
L'analogie est donc la suivante :
- comme les premiers principes s'imposent dans l'ordre de la connaissance,
- ainsi s'imposent la connaissance simple de la fin dans l'ordre de l'agir ;
puis
- comme le raisonnement, à partir des premiers principes, amène à la connaissance d'autres choses,
- ainsi l'élection, à partir de la connaissance de la fin, amène à la connaissance des moyens.
Voici les rapports de proportions à souligner :
(1) premiers principes, (2) raisonnement, (3) conclusion ;
(1) fins, (2) élection (qui implique la recherche par le conseil), (3) moyens.
Raison, Libre arbitre, Volonté, Intellect / Intelligence, Analogie, Conférer (Confrontation, Collation, Vis Collativa)
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