Thomas d'Aquin - L'aptitude à connaître la fin fait l'action volontaire - I-II.q6a1
- Volontaire et inclination propre ne sont pas contradictoires
Trouve-t-on du volontaire dans les actes humains ? Il faut qu'il y ait du volontaire dans les actes humains. Pour amener cela à l'évidence, il faut considérer que
En effet,
Parmi ces choses qui sont mûes par un principe intrinsèque,
En effet, tout ce qui agit ou est mû agit ou est mû en raison d'une fin, comme on l'a établi précédemment ; seront donc mus de manière parfaite, par un principe intrinsèque, les êtres où l'on trouve un principe intrinsèque tel que,
Or, pour que quelque chose se fasse en vue d'une fin (propter finem), il faut qu'il y ait une certaine connaissance de la fin (cognitio finis aliqualis).
En revanche, ceux qui ont la connaissance de la fin (notitiam finis) sont dits se mouvoir eux-mêmes, précisément parce qu'ils ont en eux,
Ainsi, parce que l'une et l'autre [de ces conditions] viennent d'un principe intrinsèque
les actes et les mouvements de ces êtres sont dits volontaires, c'est ce qu'en effet implique cette appellation de "volontaires", que le mouvement et l'action proviennent de sa propre inclination. C'est pourquoi, dans la définition d'Aristote, de S. Grégoire de Nysse et de S. Jean Damascène on appelle volontaire, non seulement "ce qui procède d'un principe intérieur", mais en y ajoutant "de science". Aussi, puisque l'homme excelle à connaître la fin de son oeuvre et à se mouvoir lui-même, c'est dans ses actes que l'on trouve le plus haut degré de volontaire. (Somme. I-II.q6a1) |
Utrum in humanis actibus inveniatur voluntarium Oportet in actibus humanis voluntarium esse. Ad cuius evidentiam, considerandum est quod
Eorum autem quae a principio intrinseco moventur,
Cum enim omne agens seu motum agat seu moveatur propter finem, ut supra habitum est; illa perfecte moventur a principio intrinseco, in quibus est aliquod intrinsecum principium
Ad hoc autem quod fiat aliquid propter finem, requiritur cognitio finis aliqualis.
Quae vero habent notitiam finis dicuntur seipsa movere, quia in eis est principium
Et ideo, cum utrumque sit ab intrinseco principio, scilicet
horum motus et actus dicuntur voluntarii, hoc enim importat nomen voluntarii, quod motus et actus sit a propria inclinatione. Et inde est quod voluntarium dicitur esse, secundum definitionem Aristotelis et Gregorii Nysseni et Damasceni, non solum cuius principium est intra, sed cum additione scientiae. Unde, cum homo maxime cognoscat finem sui operis et moveat seipsum, in eius actibus maxime voluntarium invenitur. |
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1. Bien noter que comme la passion désir, la volonté relève d'une inclination, la différence spécifique résidant dans le fait qu'on connaît ce pour quoi on agit et non en premier lieu parce que la volonté serait libre. On agit volontairement parce qu'on connaît ce pour quoi on agit. La question de la liberté et du libre arbitre est une autre question. Nous sommes dans la continuité de ce qui a été dit à propos du bonheur humain, l'homme n'est pas libre de vouloir être heureux. Ici on cherche simplement à savoir ce qu'est le volontaire et s'il se trouve dans l'homme.
2. Le fait de se mouvoir par soi-même est une action.
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