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Thomas d'Aquin - L'amour dans le Commentaire des Noms Divins - Ce que dit Hiérothée au sujet de l’amour - (4.12.451 et ss)

Points forts : 

455. : "l’amour en effet est une union selon que l’amant et l’aimé conviennent en quelque chose d'un"


 

 

 

 

 
  Leçon 12 (22a) : Ce que dit Hiérothée au sujet de l’amour.
451.-453. 451.-453.
 

454. En premier lieu, il distingue cinq amour :

  1. le premier est l’amour divin ;
  2. le second, l’amour angélique ;
  3. le troisième est l’amour intellectuel, à savoir celui par lequel les hommes aiment selon leur puissance intellectuelle ;
  4. le quatrième est l’amour animal qui se rapporte à la partie sensitive et que l’on retrouve
    • chez les hommes
    • et chez les animaux ;
  5. le cinquième est l’amour naturel, qui se rapporte à l’appétit naturel et que l’on retrouve
    • soit chez les animaux quant à leur puissance végétative,
    • soit chez les plantes,
    • soit même chez les êtres inanimés.

En effet, puisque nous avons dit que l’amour renvoie au premier mouvement de la volonté et de l’appétit, là où l’on retrouvera la volonté et l’appétit, on retrouvera nécessairement l’amour.

454. Distinguit, primo, quinque amores :

  1. quorum primus est amor divinus ;
  2. secundus amor angelicus ;
  3. tertius amor intellectualis, quo scilicet homines amant secundum intellectivam partem ;
  4. quartus est amor animalis qui pertinet ad sensitivam partem sive in hominibus sive in animalibus ;
  5. quintus est naturalis qui pertinet ad appetitum naturalem,
    • sive in animalibus quantum ad nutritivam partem
    • sive in plantis
    • sive etiam in rebus inanimatis.

Cum enim dictum sit quod amor importet primum motum voluntatis et appetitus, in quibuscumque contingit esse voluntatem et appetitum, contingit esse amorem.

Commentaire sur ce qui suit : TH. pointe ici un abus de langage de la part de Denys, l'amour n'est pas une puissance, mais une relation de convenance entre deux réalités.

L'amour n'est alors pas une puissance d'union ou de rapprochement mais est lui-même une union efficace et un rapprochement efficace ; efficace, c'est à dire qui produit un effet.

Et dans la Somme, TH. comptera l'union comme le premier des effets de l'amour.

455. Mais la notion commune d’amour convient à toutes les sortes d’amour qui précèdent. C’est pourquoi Denys ajoute que [ce qui suit procède de induction :]

  • quelle que soit la sorte d’amour que nous nommions,
  • nous intelligeons par le nom ‘amour’ une puissance d’union et de rapprochement.

Mais le mot puissance (virtus) ne s’entend ici

  • ni au sens d’une passion
  • ni au sens d’une disposition,

puisque l’amour n’est

  • ni une passion
  • ni un acte,

mais en un sens plus large

  • tout ce qui possède une efficacité de produire quelque chose, peut être dit
    • puissance (virtus)
    • ou puissant (virtuosum)
  • et c’est pourquoi il aurait été plus clair de dire de l’amour qu’il est une union et un rapprochement puissants
  • mais il préféra, parlant avec emphase (emphatice loquens) pour manifester l'efficace de l’amour, le nommer puissance.

Mais l’union diffère du rapprochement :

[L'union]

l’amour en effet est une union selon que l’amant et l’aimé conviennent en quelque chose d'un (in aliquo uno), qu’il s’agisse

  • ou d’une substance commune aux deux, comme lorsqu’un être s’aime lui-même (amat seipsum) ;
  • ou d’une même espèce, lorsque deux animaux de même espèce s’aiment réciproquement (se  invicem diligunt) ;
  • ou d’une même patrie, comme lorsque deux compatriotes s’aiment (se diligunt) ;
  • ou encore d'un autre [convenance].

[Rapprochement (Concretio)]

Mais le rapprochement se rapporte à l’amour selon que les réalités unies demeurent distinctes sous un autre rapport, à savoir quant à la distinction qu’il y a entre l’amant et l’aimé.

 

455. Communis autem quaedam notificatio amoris, omnibus praedictis amoribus conveniens est ; unde subiungit quod,

  • quemcumque praedictorum amorum nominemus,
  • intelligimus per nomen amoris, quamdam virtutem unitivam et concretivam.

Sed virtus hic non accipitur

  • nec pro passione
  • nec pro habitu,

cum amor non sit

  • passio
  • vel actus,

sed accipitur communiter

  • prout omne illud quod habet efficaciam ad aliquid producendum, potest dici
    • virtus
    • vel virtuosum,
  • unde planius esset si diceretur unitio et concretio virtuosa,
  • sed maluit dicere virtutem, emphatice loquens, ad ostendendum efficaciam amoris.

Unitio autem a concretione differt ;

[Unitio]

est enim amor unitio secundum quod amans et amatum conveniunt in aliquo uno

  • sive illud sit substantia utriusque, sicut cum aliquis amat seipsum ;
  • sive sit species, sicut animalia quae sunt eiusdem speciei se invicem diligunt ;
  • sive sit patria, sicut compatriotae se diligunt ;
  • sive sit quodcumque aliud.

[Concretio]

Concretio autem ad amorem pertinet, secundum quod ea quae sic uniuntur quantum ad aliquid distincta remanent, scilicet quantum ad divisionem amantis et amati.

456. Cependant, cette union et ce rapprochement ne se retrouvent pas de la même manière dans toutes les sortes d’amour. ... 456. Haec autem unitio vel concretio diversimode in diversis amoribus inveniuntur. ...

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Amour, Inhérence, Amour naturel, Amour volontaire, Amour sensitif, Amour d'amitié, Inhésion, Amour de bienveillance