Être un homme, par exemple, n'implique essentiellement rien de successif, car ce n'est pas un mouvement, mais le terme d'un mouvement, ou d'un changement, qui est la génération de cet homme ;
cependant, parce que l'être humain est soumis à des causes qui le font changer, on dit encore que le fait d'être homme est dans le temps.
Nous dirons ainsi que
la délectation, par soi, n'est pas dans le temps ; car elle existe dans le bien possédé, qui est comme le terme du mouvement.
Mais si ce bien possédé est soumis au changement, la délectation sera dans le temps par accident.
En revanche, si le bien est absolument immuable, le plaisir ne sera dans le temps ni par soi ni par accident.
(Somme, Ia-IIae, q31.a1.ad2)
Sicut esse hominem de sui ratione non habet successionem, non enim est motus, sed terminus motus vel mutationis, scilicet generationis ipsius,
sed quia humanum esse subiacet causis transmutabilibus, secundum hoc esse hominem est in tempore.
Sic igitur dicendum est quod
delectatio secundum se quidem non est in tempore, est enim delectatio in bono iam adepto, quod est quasi terminus motus.
Sed si illud bonum adeptum transmutationi subiaceat, erit delectatio per accidens in tempore.
Si autem sit omnino intransmutabile, delectatio non erit in tempore nec per se, nec per accidens.
Commentaire :
1. Esse hominem : Être homme n'est pas être un homme, gros problème de traduction. D'un côté c'est ce qu'est l'homme, de l'autre on inclut son existence réelle.