... non à cause d'une de ses qualités accidentelles dont nous retirons un bien
Quelqu'un est aimé de deux manières :
d'une première manière, sous la raison de bien subsistant [= nous aimons la personne subsistante elle-même pour elle-même]
et alors une chose est vraiment et proprement aimée quand nous voulons que soit le bien pour elle ;
et cet amour est appelé par plusieurs amour de bienveillance ou d’amitié (benevolentiae vel amicitiae) ;
d'une autre manière, par mode de bonté inhérente, selon qu'une chose est dite aimée,
non pas en tant que nous voulons que soit le bien pour elle,
mais en tant que nous voulons que par cette chose un bien soit,
comme lorsque nous disons aimer la science ou la santé.
(Commentaire des Noms Divins, 4.9.404)
Dupliciter aliquid amatur :
uno modo, sub ratione subsistentis boni
et hoc vere et proprie amatur, cum scilicet volumus bonum esse ei ;
et hic amor, a multis vocatur amor benevolentiae vel amicitiae ;
alio modo, per modum bonitatis inhaerentis, secundum quod aliquid dicitur amari,
non inquantum volumus quod ei bonum sit,
sed inquantum volumus quod eo alicui bonum sit,
sicut dicimus amare scientiam vel sanitatem.
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1. Bien noter : TH. atteste que plusieurs auteurs ou enseignants utilisent déjà l'expression "amour d'amitié" ; il la reprend ici à son compte.
2. Benevolentia : disposition à vouloir du bien ; amor benevolentiae : amour par lequel nous voulons à l'autre le bien. Dans d'autres passages TH. ajoute que cet amour nous pousse à opérer le bien pour la personne qu'on aime d'amitié, c'est à dire nous pousse à travailler pour le bien de l'autre.