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Thomas d'Aquin - De Malo.q10a5 - Aucun acte humain particulier n'est indifférent

L'acte bon et l'acte mauvais sont par leur genre des opposés qui ont un intermédiaire, et il existe un acte qui, considéré selon une espèce, est indifférent ; mais le bien et le mal qui viennent des circonstances sont sans intermédiaire, parce qu'ils se distinguent selon une opposition d'affirmation et de négation, c'est-à-dire le fait d'être ou de ne pas être comme il faut selon toutes les circonstances.

Or ce bien et ce mal sont le propre de l'acte particulier, et c'est pourquoi aucun acte humain particulier n'est indifférent (nullus actus humanus singularis, est indifferens). Et je dis un acte humain celui qui est issu d'une volonté délibérée (dico actum humanum qui est a voluntate deliberata), car si on prend un acte sans délibération procédant de la seule imagination, comme se frotter la barbe ou quelque chose du même genre, cet acte-là est en dehors du genre moral (extra genus moris) ; aussi ne participe t-il pas à la bonté ou à la malice morale.

(DeMalo.q10a5)

Sic ergo bonus actus et malus actus ex genere sunt opposita mediata; et est aliquis actus qui in specie consideratus est indifferens. Bonum autem et malum ex circumstantia sunt immediata, qui distinguuntur secundum oppositionem affirmationis et negationis, scilicet per hoc quod est secundum quod oportet et non secundum quod oportet secundum omnes circumstantias.

Hoc autem bonum et malum est proprium actus singularis; et ideo nullus actus humanus singularis, est indifferens; et dico actum humanum qui est a voluntate deliberata. Si enim sit aliquis actus sine deliberatione procedens ex sola imaginatione, sicut confricatio barbae, aut aliquid huiusmodi, huiusmodi actus est extra genus moris; unde non participat bonitatem vel malitiam moralem.

 

 

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Thomas d'Aquin - EN COURS - CommNico.1543 - Les amis n'ont pas besoin de justice

(1155a26)

Il présente ensuite la cinquième raison.

Il dit que

  • si des gens sont amis,
  • ils n'auront en rien besoin de la justice proprement dite,
  • parce qu'ils auront toutes choses quasi en commun,
  • puisque l'ami est un autre soi-même ;
  • or il n'y a pas de justice envers soi-même.

Tandis que

  • s'ils sont justes,
  • ils auront néanmoins besoin de l'amitié entre eux.

Même que ce qui est le plus juste paraît être conservateur et réparateur de l'amitié. Il relève donc beaucoup plus du moraliste de porter attention à l'amitié qu'à la justice.

Et cela même qui est au plus au point juste semble être conservateur et réparateur (ou revivifier ou renouveler ???) de l'amitié. Donc, il est bien plus pertinent que la morale considère l'amitié plutôt que la justice.

(Commentaire Ethique à Nicomaque,  n°1543)

Sententia Ethic., lib. 8 l. 1 n. 6

Quintam rationem ponit ibi, et amicis quidem et cetera.

Et dicit quod,

  • si aliqui sint amici,
  • in nullo indigerent iustitia proprie dicta,
  • quia haberent omnia quasi communia,
  • cum amicus sit alter ipse;
  • non est autem iustitia ad seipsum.

Sed

  • si sint iusti,
  • nihilominus indigent amicitia adinvicem.

Et illud quod est maxime iustum videtur esse conservativum et reparativum amicitiae. Multo ergo magis ad moralem pertinet considerare de amicitia quam de iustitia.

 

 

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Aide de ChatGPT : 

Bien sûr, je peux décomposer cette phrase pour vous.

“Et illud quod est maxime iustum videtur esse conservativum et reparativum amicitiae.”

En anglais, cela se traduit par :

“And that which seems most just appears to be conservative and restorative of friendship.”

Voici une explication détaillée de chaque partie :

“Et illud quod est maxime iustum” : Cette partie signifie “And that which is most just”. Elle fait référence à quelque chose qui est considéré comme le plus juste ou le plus équitable.
“videtur esse conservativum” : Cette partie se traduit par “seems to be conservative”. Elle suggère que ce qui est le plus juste a tendance à être conservateur, c’est-à-dire à maintenir l’état actuel des choses.
“et reparativum amicitiae” : Cette partie signifie “and restorative of friendship”. Elle indique que ce qui est le plus juste a également la capacité de restaurer ou de réparer l’amitié.
Donc, dans l’ensemble, la phrase suggère que ce qui est le plus juste non seulement conserve l’état actuel des choses, mais a aussi le pouvoir de restaurer l’amitié. J’espère que cela vous aide à mieux comprendre la phrase. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à me le faire savoir! 😊

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Thomas d'Aquin - I-II.q23a1ad1 - Il doit nécessairement y avoir une puissance de l'irascible

  • ... sans quoi le bien difficile serait uniquement regardé comme un mal
  •  Le bien, en tant que délectable, meut le concupiscible.
  • Mais si le bien présente quelque difficulté à être atteint, il a par cela même quelque chose qui répugne à ce concupiscible.

Et c'est pourquoi il est nécessaire qu'il existe une autre puissance pour tendre à cela [= au bien en tant que difficile à atteindre]. 

Et il en va de même pour le mal.

Et cette puissance est l'irascible.

D'où vient la conséquence que les passions du concupiscible et de [celles] de l'irascible diffèrent par l'espèce.

(Somme, I-II.q23a1ad3) 

  • Bonum inquantum est delectabile, movet concupiscibilem.
  • Sed si bonum habeat quandam difficultatem ad adipiscendum, ex hoc ipso habet aliquid repugnans concupiscibili.

Et ideo necessarium fuit esse aliam potentiam quae in id tenderet.

Et eadem ratio est de malis.

Et haec potentia est irascibilis.

Unde ex consequenti passiones concupiscibilis et irascibilis specie differunt.

 


 

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Thomas d'Aquin - Imagination et passions

Mais contre cela, il y a ce que dit Damascène, lorsqu'il décrit les passions animales : "La passion est un mouvement de l'appétit sensible se portant sur le bien ou sur le mal présent dans l'imagination. Et encore : La passion est un mouvement de l'âme irrationnelle à l'appréhension du bien et du mal". (Somme, I-II, q. 22, a. 3, s.c.)

Sed contra est quod dicit Damascenus, in II libro, describens animales passiones, passio est motus appetitivae virtutis sensibilis in imaginatione boni vel mali. Et aliter, passio est motus irrationalis animae per suspicionem boni vel mali.

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Thomas d'Aquin - La division en l'homme du fait de sa nature composée - Le cas de la contemplation - CommNico.1534

C'est pourquoi,

  • si l'homme, selon une certaine de ses dispositions, pose une action délectable pour lui,
  • cette délectation est hors de sa nature pour l'homme selon une autre de ses dispositions.

Ainsi,

  • contempler est naturel à l'homme en raison de l'intellect,
  • mais hors de sa nature en raison des organes de l'imagination, qui travaillent tandis qu'il contemple.

C'est pourquoi la contemplation n'est pas toujours délectable à l'homme. Et cela est similaire pour la consommation  de nourriture, qui est naturelle au corps qui a faim, mais hors de sa nature pour le corps déjà repu.

(Commentaire Ethique à Nicomaque,  n°1534)

Et ideo,

  • si homo secundum aliquam sui dispositionem agat aliquam actionem sibi delectabilem,
  • haec delectatio est praeternaturalis homini secundum alteram eius dispositionem.

Sicut

  • contemplari est naturale homini ratione intellectus,
  • sed est praeternaturale homini ratione organorum imaginationis, quae laborant in contemplando.

Et ideo contemplatio non est semper homini delectabilis. Et est simile de sumptione cibi quae est naturalis corpori indigenti, praeter naturam autem corpori iam repleto.

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1. C'est pourquoi celui qui a un désir intense de contempler verra son corps moins rapidement à la traine de la partie spirituelle même après une longue période de contemplation. Mais arrivera un moment où le corps ne pourra plus suivre.

2. Noter combien Thomas est réaliste puisqu'il n'isole pas du corps l'activité de l'intellect. Thomas parle ici davantage de la contemplation naturelle, philosophique. Il faudrait comparer avec ce qu'il dit dans le cas de la contemplation dont le contenu vient de la foi.

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Thomas d'Aquin - Les passions de l'irascible s'exercent au sein des passions du concupiscible

  • Elles y naissent et s'y terminent

L'irascible a été donné aux animaux pour vaincre les obstacles qui empêchent le concupiscible de tendre vers son objet, parce que le bien est difficile à atteindre, ou le mal difficile à vaincre. C'est pourquoi toutes les passions de l'irascible se terminent dans celles du concupiscible. C'est en ce sens que les passions de l'irascible sont suivies par la joie ou la tristesse, qui sont dans le concupiscible.  (Somme, I-II, q. 23, a. 1, r.1.)

Dicendum quod, sicut in primo dictum est, ad hoc vis irascibilis data est animalibus, ut tollantur impedimenta quibus concupiscibilis in suum obiectum tendere prohibetur, vel propter difficultatem boni adipiscendi, vel propter difficultatem mali superandi. Et ideo passiones irascibilis omnes terminantur ad passiones concupiscibilis. Et secundum hoc, etiam passiones quae sunt in irascibili, consequitur gaudium et tristitia, quae sunt in concupiscibili.

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