Est découvert [par nous] que la volonté et la nature agissent en vue d'une fin, mais de façons différentes.
[Le cas de la nature]
En effet, comme la nature ne connaît
- ni la fin
- ni la raison de la fin (rationem finis),
- ni sa relation, [c'est à dire de la relation de] ce qui est vers la fin dans la fin, [??? = ni la relation des moyens vers la fin ???]
- elle ne peut se fixer une fin ;
- ni se mouvoir vers la fin,
- ou l'ordonner,
- ou la diriger,
ce qui appartient à l'agent [qui agit] par volonté, dont c'est le propre d'intelliger
- et la fin
- et tout ce qui a été dit [plus haut] [= la fin, la ratio finis, la relation moyens / fin].
[Le cas de l'agent volontaire]
C'est pourquoi un agent [qui agit] par volonté
- agit en vue d'une fin,
- parce qu'il s'est assignée une fin
- et il se meut lui-même d'une certaine manière vers la fin,
- en y ordonnant ses actions.
[Le cas de la nature]
Mais la nature tend à sa fin comme mue et dirigée par un autre, pourvu d'intellect et de volonté,
- comme cela est patent pour la flèche, qui tend vers une cible déterminée par la direction [donnée] par l'archer
- et ainsi les philosophes disent que l'oeuvre de la nature est l'oeuvre d'une intelligence.
[Le cas de Dieu qui agit ou naturellement ou volontairement]
Mais toujours ce qui dépend d'un autre est postérieur à ce qui est par soi.
C'est pourquoi il faut que celui qui ordonne en premier vers une fin, le fasse par volonté ;
et ainsi Dieu,
- par volonté produit les créatures dans l'être,
- non par nature.
Et ce n'est pas le cas du Fils parce qu'il procède naturellement du Père ; sa génération a précédé la création : parce que le Fils ne procède pas
- comme ordonné à une fin,
- mais comme la fin de tout.
(DePot.q3a15)
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Invenitur autem agere propter finem et voluntas et natura, sed aliter et aliter.
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Natura enim, cum non cognoscat
- nec finem
- nec rationem finis,
- nec habitudinem eius, quod est ad finem in finem,
- non potest sibi praestituere finem,
- nec se in finem movere
- aut ordinare
- vel dirigere;
quod quidem competit agenti per voluntatem, cuius est intelligere
- et finem
- et omnia praedicta.
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Unde agens per voluntatem sic
- agit propter finem,
- quod praestituit sibi finem,
- et seipsum quodammodo in finem movet,
- suas actiones in ipsum ordinando.
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Natura vero tendit in finem sicut mota et directa ab alio intelligente et volente,
- sicut patet in sagitta, quae tendit in signum determinatum propter directionem sagittantis;
- et per hunc modum a philosophis dicitur, quod opus naturae est opus intelligentiae.
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Semper autem quod est per aliud, est posterius eo quod est per se.
Unde oportet quod primum ordinans in finem, hoc faciat per voluntatem;
et ita Deus
- per voluntatem creaturas in esse produxit,
- non per naturam.
Nec est instantia de filio, quod naturaliter procedit a patre, cuius generatio creationem praecedit: quia filius non procedit
- ut ad finem ordinatus,
- sed ut omnium finis.
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